Photo Elysée présente une exposition majeure dédiée à l’un des plus grands photographes japonais : Daido Moriyama. Après Sao Paulo, Berlin, Londres et Helsinki, la rétrospective, produite par l’Instituto Moreira Salles, fait escale à Lausanne. Le vernissage de l’exposition se tient le 5 septembre 2024.

Dans l’œil de Daido Moriyama

Au cours de ses soixante années de carrière, Daido Moriyama, né en 1938 à Osaka, a modifié de manière décisive notre perception de la photographie. Il a utilisé son appareil photo pour documenter son environnement immédiat et pour explorer visuellement la société japonaise d’après-guerre. Il a également remis en question la nature même de la photographie. Son langage visuel incomparable est aussi loué que ses innombrables publications, qui sont au cœur de son travail.

Les sujets photographiques de Moriyama ont captivé les spectateurs dès le début, qu’il s’agisse des médias de masse et des publicités, des tabous de la société ou de la théâtralité de la vie quotidienne. Il a saisi le choc entre la tradition japonaise et l’occidentalisation accélérée qui a suivi l’occupation militaire du Japon par les États-Unis, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Inspiré par des artistes américains tels qu’Andy Warhol et William Klein, le photographe a donné vie à la société de consommation naissante au Japon. Il a exploré la reproductibilité des images, leur diffusion et leur consommation. À maintes reprises, Moriyama a placé ses archives d’images dans de nouveaux contextes, jouant avec les agrandissements, les recadrages et la résolution de l’image. Aujourd’hui encore, son esprit artistique pionnier et son intensité visuelle restent novateurs.

Are, bure, boke

Cette rétrospective suit le parcours artistique de l’artiste, à commencer par son travail pour des magazines japonais, sa remise en question du photojournalisme, sa contribution à la génération Provoke et ses idées radicales résumées dans un livre illustré, Farewell Photography (1972). C’est aussi durant cette période qu’il développe son esthétique caractéristique, célèbre pour ses images floues et granuleuses (are, bure, boke). Les livres et les magazines, dans lesquels il publie images et débats, s’avèrent être son terrain de prédilection et occupent une place centrale dans cette exposition.

Crise créative et photos de rue

Moriyama sort lentement d’une crise créative et personnelle au début des années 1980. Son travail acquiert alors un lyrisme visuel à travers lequel il réfléchit à son identité, à l’essence de la photographie, à la mémoire et à l’histoire. C’est aussi à cette époque qu’il retrouve un intérêt pour la photographie de rue. Il parcourt des centaines de kilomètres dans Tokyo, New York, Paris ou Londres. Connu pour ses images en noir et blanc, il utilise aussi la photo couleur et numérique, des techniques qui vont de pair avec son point de mire : la société de consommation contemporaine. L’exposition se termine par le magazine Record, une publication qui marque l’apogée de ses nombreuses années d’investigation et que l’artiste continue à alimenter. Durant toute sa carrière, Daido Moriyama ne cesse de s’interroger sur l’essence de la photographie. Il rejette le caractère dogmatique de l’art et la fétichisation des tirages vintage, se tournant plutôt vers une photographie radicalement accessible et reproductible.

L’exposition Daido Moriyama Rétrospective est à découvrir jusqu’au 23 février 2025 à Photo Elysée, Place de la Gare 17 à Lausanne.
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