Paru aux Éditions du Chien Jaune, À l’ombre de l’arole est le premier roman de Janie Ansermot, autrice originaire de Genève, passée par Montréal et aujourd’hui installée près de Vevey. Un texte qui a tout d’une révélation : la justesse des voix, la profondeur des personnages et une sincérité rare dans l’évocation de la montagne et des relations humaines.
Une histoire de rencontres improbables
Andrea, bergère solitaire, vit chaque printemps la transhumance avec ses chèvres dans les hauteurs alpines. Cette année, son frère l’oblige à accueillir Tom, un acteur parisien venu s’immerger dans la vie montagnarde afin de préparer un rôle. Entre eux, la distance est d’abord glaciale, chacun enfermé dans ses blessures et ses habitudes. L’arrivée d’Edem, un migrant guinéen blessé en traversant les Alpes, bouleverse l’équilibre fragile. Dans ce refuge isolé, trois êtres que tout oppose vont devoir cohabiter.
Sans verser dans le cliché du triangle amoureux, Janie Ansermot compose un récit où chaque personnage devient miroir de l’autre, révélant ses failles, ses élans et sa capacité à évoluer. Andrea reste hantée par la disparition de Paul, son amour perdu depuis vingt-deux ans. Tom, habitué au confort, découvre une existence dépouillée qui le transforme. Edem, parti en quête d’une vie meilleure, trouve peut-être plus précieux encore : la force du lien humain.
Une construction polyphonique
Le roman est construit en courts chapitres, chacun confié à la voix d’un personnage : Andrea, Tom, Edem, et même Paul dans le prologue. Ce choix narratif permet de plonger au plus près de leurs pensées et de ressentir leur évolution intime. Dialogues sobres, monologues intérieurs justes, alternance des points de vue : tout concourt à donner au récit une intensité émotionnelle singulière.
Une ode à la nature et à la simplicité
Plus qu’une intrigue amoureuse ou un drame montagnard, À l’ombre de l’arole est avant tout une ode à la vie simple. Le roman respire le grand air, la lenteur retrouvée, l’hospitalité fragile mais tenace. Corinne Jaquet, l’éditrice, résume avec justesse :
Ce livre sent bon. Il se déguste comme une bouffée de bon air et un moment de générosité. C’est la révélation d’une plume magnifique !
L’émergence d’une voix littéraire
Formée au théâtre à Genève puis à Montréal, Janie Ansermot a gardé de son parcours artistique un goût pour la mise en scène des voix et la précision des dialogues. Avec ce premier roman, elle fait une entrée remarquée dans le paysage littéraire romand.

À l’ombre de l’arole touche par sa sensibilité et sa profondeur. C’est un récit de solitude et de rencontres, de blessures et de résilience, qui rappelle combien la montagne, par son âpreté et sa beauté, peut devenir le théâtre d’une humanité à nu.
À l’ombre de l’arole
CHF 25.- chez les éditions du Chien Jaune
www.lechienjaune.ch