À 102 ans, Edgar Morin dévoile un roman inédit écrit en 1946

Edgar Morin continue de surprendre le monde littéraire. À l’âge remarquable de 102 ans, le philosophe publie un roman d’inspiration autobiographique, rédigé alors qu’il n’avait que 25 ans. Ce manuscrit longtemps oublié voit enfin le jour sous les yeux du grand public.

Intitulé L’année a perdu son printemps, et publié le 5 juin aux éditions Denoël, l’ouvrage offre un éclairage sur la formation psychique, intellectuelle et politique de celui qui est considéré comme l’un des penseurs les plus éminents de notre époque. À l’époque de sa rédaction, Morin s’est dissimulé derrière son protagoniste, Albert Mercier, un personnage dont le parcours présente de troublantes similitudes avec le sien.

Dans une introduction ajoutée récemment, Edgar explique : « Je n’avais montré ce manuscrit à personne. Conscient de mon aptitude pour les sciences humaines, je doutais néanmoins de posséder le talent nécessaire pour exceller en tant que romancier. De plus, je ne voulais ni blesser ni attrister mes parents. »

Albert Mercier, fils unique, perd sa mère à l’âge de dix ans. Son père, pour le préserver, lui cache cette mort, et Albert s’enferme dans la douleur, seul. Ce livre raconte son adolescence solitaire, nourrie de romans et de films, ses années de lycée, où il trouve ses premiers amis. La politique fait irruption en 1934 dans sa classe, où les esprits se divisent et s’opposent. Viennent les années de Front populaire, Munich, puis la « drôle de guerre ». Une fois la France occupée, Albert Mercier, réfugié à Toulouse, s’engage dans la Résistance. Il a vingt ans. Ce roman autobiographique inédit, écrit en 1946, éclaire la construction psychique, intellectuelle et politique de l’un des plus grands penseurs de notre temps.

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Redécouverte et renaissance d’un roman

Pendant des années, Edgar Morin a cru avoir perdu toute trace de ce manuscrit à travers ses nombreux déménagements. Cependant, une surprise attendait dans ses archives confiées en 2001 à l’Institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) : des brouillons et des feuillets dactylographiés, bien que désordonnés et incomplets, dormaient paisiblement.

Avec l’aide de son éditrice, Morin s’est attelé à la tâche de restaurer l’intégrité du texte et de combler les lacunes. « J’ai fini par développer un attachement pour ce roman, y compris pour son style d’écriture », confie-t-il. Ce livre marque son deuxième roman, après L’Île de Luna publié en 2017 chez Actes Sud, une autre œuvre de jeunesse retrouvée dont le héros porte également le nom d’Albert Mercier.

En complément à cette sortie littéraire, Edgar Morin publiera le 12 juin chez Autrement une Conversation avec Edgar Morin, fruit d’un long entretien avec la revue Zadig. De plus, il est annoncé comme président de la 46e édition du festival littéraire Le Livre sur la place à Nancy, qui se tiendra du 13 au 15 septembre. À cette occasion, le sociologue célébrera ses 103 ans, continuant à enrichir le monde de ses réflexions et de son écriture.


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