Dix ans après les attentats de janvier 2015, l’heure était au recueillement et à la mémoire à Paris, où les attaques contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher ont été commémorées avec gravitas. Le journal satirique, symbole de la liberté d’expression, s’est affiché en Une d’un numéro spécial avec un message sans équivoque : « Increvable ! »
Une séquence mémorielle lourde de sens
Les commémorations marquent le début d’une période mémorielle qui rappelle une année tragique pour la France. Les attaques de janvier 2015 ont ouvert une série d’attaques djihadistes, culminant avec les événements du 13 novembre. Mardi matin, à l’heure exacte de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, survivants, familles des victimes et personnalités publiques se sont rassemblés dans le XIe arrondissement, rue Nicolas-Appert.
L’hommage, sobre mais poignant, a compris l’énoncé des noms des victimes, le dépôt de gerbes, une minute de silence, et la sonnerie aux morts. Sous un dispositif de sécurité renforcé, le directeur de Charlie Hebdo, Riss, grièvement blessé en 2015, est apparu songeur devant la façade de l’ancien siège, observé par un journaliste de l’AFP.
Une mobilisation politique et sociétale
Le président Emmanuel Macron, accompagné de l’ancien président François Hollande, de la maire de Paris Anne Hidalgo, et d’autres figures politiques comme François Bayrou, étaient présents. « La tristesse est la même, l’émotion aussi », a confié François Molins, procureur de Paris à l’époque. À l’écart des caméras, le chef de l’État a rencontré les familles des victimes, un geste intime et solennel.
Retour sur trois jours de terreur
Entre le 7 et le 9 janvier 2015, les attaques perpétrées par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly ont frappé au cœur des valeurs républicaines : la liberté d’expression, la sécurité publique et la fraternité. Les Kouachi ont assassiné douze personnes dans les locaux de Charlie Hebdo avant d’être abattus par le GIGN deux jours plus tard. Coulibaly, après avoir tué une policière à Montrouge, a pris en otage le magasin Hyper Cacher, où il a assassiné quatre personnes de confession juive avant d’être neutralisé.
Ces attaques étaient revendiquées par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) et l’organisation État islamique (EI), mettant en lumière une coordination macabre et planifiée. Simon Fieschi, ancien webmaster de Charlie Hebdo grièvement blessé ce jour-là, est décédé en octobre dernier, ajoutant un nom à cette liste tragique.
Partenaire
Une lutte toujours actuelle contre l’antisémitisme et le terrorisme
L’hommage s’est poursuivi devant le boulevard Richard-Lenoir, lieu de la mort d’Ahmed Merabet, policier abattu par les Kouachi, puis au magasin Hyper Cacher. Malheureusement, des actes antisémites rappellent que la menace persiste. Lundi, des étoiles de David et des inscriptions « juif » ont été découvertes sur des murs à Saint-Mandé et Vincennes, suscitant l’indignation du président du Crif, Yonathan Arfi : « La bataille contre cet islamisme antisémite continue. » Emmanuel Macron a réaffirmé lundi son engagement contre le terrorisme et a confirmé son soutien au projet de Mémorial du terrorisme, un lieu d’hommage aux victimes de ces actes barbares
Un numéro spécial pour un combat indéfectible
En parallèle, Charlie Hebdo a sorti un numéro spécial de 32 pages, tiré à 300’000 exemplaires. Sur la Une, un titre marquant : « Increvable » avec un dessin, celui d’un lecteur jovial assis sur un fusil d’assaut, lisant ce journal devenu symbole de résistance.
Le journal, joyeusement anarchiste depuis sa création en 1970, revendique encore son combat pour la liberté. Fabrice Nicolino, membre survivant de la rédaction, a décrit une équipe évoluant dans un environnement ultra-sécurisé : portes blindées, sas, et panic room. Dans son numéro spécial, l’hebdomadaire déploie une série de caricatures sur le thème « #RiredeDieu », renouvelant son appel à la liberté d’expression contre toute forme d’obscurantisme.
Dix ans plus tard, l’émotion reste vive, mais le message de résilience prévaut : Charlie Hebdo demeure un symbole du refus de plier face à la terreur.
