Un chat noir solitaire, six animaux, un radeau… et pas un mot. Avec Flow : le chat qui n’avait plus peur de l’eau, le réalisateur letton Gints Zilbalodis signe un bijou d’animation sensoriel et poétique, une œuvre rare où l’image et le son parlent plus fort que les mots.
Une fable sans paroles, mais pleine de sens
Dans un monde submergé où les humains ont disparu, un chat autrefois craintif de l’eau se retrouve embarqué sur une embarcation de fortune. Autour de lui, cinq autres animaux : un chien, un paresseux, un capybara, un lémurien et un oiseau. Ensemble, ils forment un équipage aussi improbable que touchant. Le défi : survivre, ensemble, dans un environnement aussi hostile qu’envoûtant.
Sans dialogues, sans voix off, Flow nous immerge dans une aventure profondément viscérale. Le récit se tisse uniquement à travers l’animation naturaliste, le langage corporel des personnages, et une bande-son immersive. La mise en scène, captée en temps réel dans un immense décor 3D, évite les codes traditionnels de l’animation, tels que le storyboard classique. Ce choix radical renforce la sensation d’immersion et de liberté.
Une prouesse visuelle et émotionnelle
Visuellement, Flow fascine. Simplicité des lignes, beauté des lumières aquatiques, fluidité de l’animation : chaque image est une respiration. L’approche évoque des œuvres comme Le Peuple migrateur ou La Tortue rouge, tout en se démarquant par une véritable tension dramatique, un rythme maîtrisé, et une mélancolie discrète.
Mais au-delà de la forme, c’est le fond qui touche. Flow est une parabole universelle sur le deuil, la peur, l’entraide et la reconstruction. Le cheminement du chat, qui passe de l’isolement à la confiance, résonne comme une leçon douce et puissante : avancer, c’est aussi apprendre à faire place à l’autre.
Un triomphe critique et public
Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, Flow a ému la Croisette avant de conquérir le monde : Prix du public et Prix du jury à Annecy, César, Golden Globe, et Oscar du meilleur film d’animation, devançant même des géants comme Vice-Versa 2. En France, plus de 700’000 spectateurs se sont laissés porter par cette odyssée silencieuse.

Un film pour aujourd’hui (et pour demain)
Au-delà de son esthétique soignée et de sa narration sensible, Flow est un film profondément ancré dans les enjeux contemporains. Son univers englouti, où les vestiges de la civilisation humaine apparaissent en filigrane, agit comme une métaphore puissante de notre propre avenir climatique. La montée des eaux n’est pas un simple décor : elle est le symptôme d’un monde qui s’est effondré, victime de ses excès, de ses aveuglements.
Dans ce monde post-catastrophe, il ne reste que les animaux. Le silence du film résonne alors comme l’écho d’un monde vidé de sa parole humaine, mais qui trouve d’autres façons d’exister. Flow ne donne pas de leçon, il ne cherche pas à accuser, mais il invite à réfléchir : que restera-t-il après nous ? Que deviendra notre planète si nous ne changeons rien ? Et surtout, comment reconstruire, autrement, après la perte ?
Flow est disponible en vidéo à la demande sur Canal+