Après deux ans de travaux intenses, l’emblématique salle du Romandie et le tout nouveau club La Brèche s’apprêtent à inaugurer leurs espaces fraîchement rénovés sous les arches du Grand-Pont, à Lausanne. Les festivités auront lieu ce week-end, avec une programmation déjà disponible en ligne. Les concerts d’ouverture affichent complet vendredi et samedi, mais les retardataires pourront quand même tenter leur chance dès minuit pour les aftershows, selon les places restantes.
Un chantier titanesque et une attente prolongée
Derniers coups de marteau avant l’ouverture : tandis que les ouvriers s’affairent à finaliser les lieux, le syndic de la Ville de Lausanne, Grégoire Junod, s’est réjoui mercredi devant la presse de l’inauguration d’un « lieu splendide », qui marque la fin de plus de quatre années de fermeture et d’errance pour les deux clubs.
Pour rappel, le Romandie avait fermé ses portes en juin 2020 en raison de la pandémie et d’importantes infiltrations d’eau. Inauguré à la Riponne avant de s’installer sous le Grand-Pont en 2008, le club a été contraint de suspendre ses activités jusqu’à aujourd’hui. L’Association du Salopard avait, quant à elle, quitté la salle du Bourg (qu’elle gérait depuis 15 ans) en 2020. « Ces pertes sont aujourd’hui comblées », a déclaré le syndic, saluant au passage l’ingéniosité des architectes qui ont réussi à insérer deux salles distinctes dans cet espace patrimonial historique.
Une double programmation éclectique
Cette fin de semaine, le public pourra découvrir une programmation exigeante et variée. Vendredi, Dona Casque, Remords, Naomie Klaus ainsi que les DJs E-Pizza & Yvette Roudoudou et Donjon & Pablo Paresse se relaieront sur scène. Le lendemain, Jonas Albrecht, Cocon Javel, DJ Startup, Carmzers et SPMDJ s’empareront des platines pour faire vibrer la salle jusqu’au bout de la nuit.
Deux entités, deux identités
Bien que logées sous les mêmes arches, Le Romandie et La Brèche gardent leur indépendance : chacune dispose de sa propre équipe, de sa propre orientation artistique et de son identité bien marquée. Elles mutualisent cependant certains espaces et ressources, un atout précieux pour pérenniser leurs projets.
Au rez-de-chaussée, La Brèche entend perpétuer la mission de l’Association du Salopard : promouvoir et accompagner des artistes explorant sans relâche de nouvelles sonorités. Après avoir organisé 130 événements en itinérance, l’équipe se réjouit enfin de s’établir dans un lieu durable. Affichant une capacité de 160 personnes, la salle promet une atmosphère intimiste, en mettant à l’honneur les talents émergents et les propositions audacieuses, sans pour autant oublier des musiciens confirmés. « Sur dix mois, nous prévoyons 60 soirées concerts, majoritairement les soirs de semaine et le dimanche », précise Nikita Thévoz, responsable de la communication, qui ajoute que l’association fêtera ses 20 ans en 2025.
À l’étage, Le Romandie fait son grand retour, après « cinq années riches, surprenantes et compliquées », selon l’association « … e la nave va ». L’espace a été entièrement repensé et peut désormais accueillir 300 personnes, contre 230 auparavant. Fondé en 2004 et pensé pour le public vaudois, ce lieu a toujours joué le rôle d’incubateur pour des artistes suisses et internationaux. « Notre programmation sera tout autant mainstream que pointue », souligne Alicia Paladino, co-programmatrice, qui insiste sur le fait qu’elle se fera pas à pas. Conscient des défis auxquels font face les salles de concert, Le Romandie se félicite toutefois de sa situation géographique idéale et « croise les doigts pour que le public réponde présent ».
Un soutien municipal renforcé
Pour la Ville de Lausanne, cette double ouverture couronne un programme de renforcement du soutien aux musiques actuelles, initié en 2019. « Les subventions de nombreuses institutions ont été revues à la hausse », rappelle Grégoire Junod. Plusieurs projets se sont concrétisés, à l’image du nouveau pôle musical des Jumeaux. Le syndic salue également la complémentarité de La Brèche et du Romandie avec l’offre existante — qu’il s’agisse de salles subventionnées comme Chorus et les Docks, de la salle Métropole, du Théâtre de Beaulieu ou encore des clubs privés, écoles de musique et festivals qui forment l’écosystème culturel lausannois.
« Ces deux lieux sont désormais des institutions. Sont-ils institutionnalisés ? Je pense que non, car la mission de la Ville est avant tout de rendre les choses possibles. Les projets, eux, restent portés par des énergies externes à l’administration », conclut le syndic.
Le Romandie : www.leromandie.ch
La Brèche : www.la-breche.fun
Photo: Ville de Lausanne