Peintre, graveur, moraliste, ironiste… et romancier. À l’occasion du centenaire de la mort de Félix Vallotton (1865–1925), les Éditions Zoé publient un volume monumental de plus de 1200 pages réunissant l’intégralité de son œuvre littéraire : romans, pièces de théâtre et saynètes. Un événement éditorial qui révèle une facette méconnue d’un artiste que l’on croyait cantonné à ses nus, ses gravures et ses intérieurs feutrés.
Le regard d’un peintre sur le monde
Félix Vallotton n’a jamais vraiment séparé la peinture de l’écriture. Même dans ses toiles les plus silencieuses, on devine déjà cette ironie feutrée, ce sens du détail cruel qui fera la force de ses textes. Entre 1901 et 1920, il écrit trois romans et six pièces, avec la même distance mordante qu’il applique à ses portraits bourgeois. Pour lui, la littérature n’est pas un divertissement, c’est un scalpel. Un moyen d’observer les vanités humaines avec le calme tranchant d’un chirurgien.

Trois romans, six pièces et un humour noir à la Vallotton
Parmi ses textes, La Vie meurtrière (écrit en 1907–1908) demeure le plus célèbre. On y suit Jacques Verdier, un critique d’art qui semble condamné à semer la mort malgré lui. Un récit d’une noirceur jubilatoire, oscillant entre satire et absurde, où l’auteur s’amuse à disséquer la fatalité comme il peindrait une nature morte.
Les deux autres romans, Les Soupirs de Cyprien Morus et Corbehaut, poursuivent cette exploration du désenchantement et de la dérision, tandis que les pièces de théâtre et saynètes inédites dévoilent un sens du dialogue aussi acéré que son trait.
En savoir plus | Acheter ce livre à la Fnac

Le pessimisme en clair-obscur
Qu’il peigne ou qu’il écrive, Vallotton cherche toujours la vérité derrière le vernis. Chez lui, l’ironie n’est pas un jeu : c’est une posture morale. Loin des élans romantiques, il choisit la retenue, la distance, le refus du pathos. Ce regard froid, presque clinique, sur la société bourgeoise du tournant du XXe siècle fait de lui un cousin littéraire de Flaubert et un frère en esprit de Cioran.
Soirée dédiée à l’écrivain Félix Valloton
Pour célébrer la parution de ce volume et explorer cette facette moins connue de l’artiste, le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) organise une soirée le jeudi 27 novembre, de 19h à 21h, à Lausanne. En collaboration avec le Centre des littératures en Suisse romande (UNIL) et les Éditions Zoé, cette table ronde réunira les chercheuses et chercheurs ayant contribué à l’édition critique du recueil, sous la modération de Thierry Raboud.
Des lectures d’extraits seront assurées par les comédiens Marie Fontannaz et Arnaud Huguenin, suivies d’un verre de l’amitié et d’une séance de signatures.