Le roman Hiver à Sokcho de l’écrivaine jurassienne Elisa Shua Dusapin passe avec brio du papier au grand écran. Réalisé par Koya Kamura, metteur en scène franco-japonais, ce long-métrage délicat et subtil offre une interprétation visuelle respectueuse et poignante du premier ouvrage d’Elisa Shua Dusapin, publié en 2016 aux éditions Zoé.
Une rencontre entre deux mondes
L’intrigue d’Hiver à Sokcho transporte les spectateurs dans la petite ville portuaire de Sokcho, en Corée du Sud, à proximité de la frontière nord-coréenne. Dans cet hiver rude et mélancolique, une jeune Franco-coréenne, incarnée par la talentueuse Bella Kim, rencontre un auteur de bande dessinée français joué par Roschdy Zem, venu chercher l’inspiration loin de sa Normandie natale. Leur relation, à la fois fragile et mystérieuse, évite les clichés attendus. La solitude, le silence et les non-dits se mêlent pour composer une œuvre cinématographique qui scrute l’intimité et les blessures de ces deux personnages cabossés par la vie.
Le réalisateur Koya Kamura capte l’essence de ce récit, fidèle à l’atmosphère délicate du roman, où chaque plan semble dessiner l’horizon gelé de Sokcho avec autant de précision que les traits d’encre esquissés par le protagoniste français.
En complément de l’exposition, le Vaudois donnera une conférence à la grande salle de Villars le 2 janvier à 20h, accompagné de son matériel d’expédition. Elle permettra au public de plonger dans l’ambiance glacée et majestueuse de l’Arctique, à travers les récits et les images du photographe dans un court-métrage. La conférence est gratuite, avec un chapeau à la sortie pour soutenir l’artiste.
Partenaire
L’émotion d’Elisa Shua Dusapin face au film
L’écrivaine jurassienne, qui n’a pas participé directement à la réalisation du film, a été profondément touchée par cette adaptation. « C’est un cadeau de voir quelqu’un s’emparer de mon imaginaire pour en faire quelque chose d’autre, mais en même temps qui colle à l’esprit de base », confie Elisa Shua Dusapin à nos confrères de RFJ. Elle souligne que l’équipe a parfois été « presque trop respectueuse du livre », preuve de la sensibilité avec laquelle le réalisateur a abordé son texte. Ce respect se reflète dans la mention officielle « adapté du roman » validée par l’autrice, signe d’une fidélité rare dans le monde des adaptations cinématographiques.
Une œuvre entre pudeur et mystère
Là où tant de films tombent dans la facilité d’une romance réparatrice, Hiver à Sokcho choisit une voie plus subtile. Koya Kamura refuse d’expliquer les douleurs de ses personnages à grands renforts de dialogues explicatifs. Les silences, les gestes retenus et les regards perdus racontent davantage que les mots.
Roschdy Zem, avec sa présence charismatique mais détachée, incarne à merveille cet auteur solitaire, tandis que Bella Kim, tout en nuances, donne vie à cette jeune femme tiraillée par son identité franco-coréenne et le mystère pesant de son père absent. Leur rencontre ne résout rien, mais révèle des failles, des désirs et des incompréhensions qui touchent profondément les spectateurs.
De la page à l’écran : un succès continu
Depuis sa parution en 2016, Hiver à Sokcho a conquis un large public, récompensé par de nombreux prix prestigieux et traduit dans plus de 30 langues. Le livre a même eu le droit à une adaptation au théâtre, porté par la plume d’Eslisa Shua Dusapin. Aujourd’hui, la petite ville coréenne est même devenue un lieu de pèlerinage littéraire, suscitant un intérêt touristique notable. Cette adaptation cinématographique s’inscrit ainsi dans la continuité d’un succès littéraire international.
Pour les amateurs de cinéma et de littérature, Hiver à Sokcho sort en salles le mercredi 18 décembre 2024 en Suisse et le 8 janvier 2025 en France.
